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L’interactivité, une philosophie pour le XXIe siècle

L’interaction est une chose aussi évidente que de se brosser les dents tous les jours. Elle concerne l’interaction entre personnes, objets ou phénomènes. Nous ne vivons pas isolés, mais dans différents types de relations et de dépendances. La vie professionnelle et privée est pleine de situations dans lesquelles nous pouvons et même devons démontrer notre capacité à communiquer et, par conséquent, à nous influencer les uns les autres. En bref, c’est ce que l’on appelle l’interactivité. Il y a parmi nous des personnes pour qui l’interactivité est un jeu d’enfant, mais nous rencontrons aussi des personnes refermées sur elles-mêmes et plus réticentes à entrer en dialogue avec les autres.

C’est peut-être la raison pour laquelle, dans le monde d’aujourd’hui, nous rencontrons de plus en plus l’interactivité à de nombreux niveaux, dans de nombreux endroits et dans de nombreuses situations. Je repense à l’enfance de mon fils, aujourd’hui âgé de vingt-six ans, dont moi, sa mère, une enseignante polonaise, avait manifestement pour objectif éducatif de faire découvrir le monde à son fils, qui ne s’intéressait que modérément aux envies de ses parents. Les visites de musées et les œuvres d’art l’ennuient rapidement. Infatigable dans les idées et toujours à l’affût, j’ai fini par découvrir quelque chose qui captait l’attention et le désir d’un enfant, puis d’un adolescent.

Un jour, nous nous sommes rendus dans une petite ville de Silésie où j’ai découvert un musée dont le nom m’a semblé intéressant : le musée de la République populaire de Pologne (aujourd’hui musée de l’histoire de la Pologne populaire). Un sentiment s’est emparé de moi et j’ai décidé de « faire plaisir » à mon fils. Et mon esprit organisateur a planifié tout le voyage, qui a réuni pour l’occasion les camarades de classe de Mateusz. C’est en joyeuse compagnie que nous sommes arrivés à Ruda Śląska et… des miracles ont commencé à se produire, car il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas d’une simple visite touristique ennuyeuse, mais d’une multitude d’occasions de toucher des objets de ces années-là, de s’asseoir derrière l’immense bureau d’un dignitaire du parti et de passer un appel téléphonique à partir d’une caméra fixe placée dessus, de jouer le rôle d’un chauffeur de camion de l’époque de la Pologne Populaire. C’était la première fois que nous rencontrions l’interactivité dans un musée, et nous n’avons pas pu revenir en arrière. Parmi les lieux les plus intéressants de ce type qui sont restés dans la mémoire de mon fils, il y a le musée de l’insurrection de Varsovie et le musée de la brasserie de Żywiec. Dans le premier, l’histoire est présentée d’une manière qui exige une action de la part du visiteur, tandis que dans le second, la tradition de la brasserie en Silésie, avec l’histoire de la famille Habsbourg en arrière-plan, est transmise d’une manière attrayante et accessible pour un jeune.

Mes souvenirs du sujet abordé dans l’article se recoupent avec les activités que j’ai entreprises en relation avec l’invitation à rejoindre le projet ABIbooks. Il s’agit d’une initiative très intéressante visant à trouver des moyens d’encourager les jeunes à lire. Un enfant peut associer le livre papier traditionnel à la lecture scolaire, et dans ce cas, l’activité n’est pas particulièrement passionnante. L’alternative est donc le livre interactif, qui utilise un vieux truc encapsulé dans une technologie plus récente, à savoir l’enseignement par le jeu. Un jeu qui nécessite de l’activité – toucher, cliquer, dessiner, deviner, raconter. Il développe la créativité et l’imagination de l’enfant. Il leur apprend à prendre des décisions et à revoir leurs choix.

Les livres interactifs que j’ai eu le plaisir de lire, basés sur la vie quotidienne de l’enfant (par exemple, la famille, les amis, l’école), élargissent le vocabulaire de l’enfant. Ils utilisent des images plutôt simples, mais de belles couleurs, qui ne distraient pas trop, et proposent des textes qui ne sont pas trop longs, ce qui facilite la mémorisation du contenu. Ils enseignent des concepts dans des domaines spécifiques, par exemple la musique, tout en permettant à l’enfant d’activer son sens de l’ouïe grâce aux fichiers musicaux installés. La forme des questions utilisées éveille la curiosité du jeune, et en cas de mauvaise réponse, le bambin peut revenir à l’énigme et réviser son choix sans trop de stress. Il apprend ainsi que l’erreur n’est pas une condamnation, qu’il est possible de corriger et de modifier une décision, que ce n’est pas un dernier recours. Bien sûr, l’erreur montre aussi les conséquences, à savoir un chemin fermé si l’on veut continuer à l’emprunter. Les remerciements pour l’aide apportée en cours de route sont également très utiles et figurent souvent à la dernière page du livret. L’enfant a ainsi l’impression d’être non seulement un participant aux événements, mais aussi une personne qui a contribué à leur réussite !

Les textes utilisent également la méthode de la répétition, qui permet de consolider les mots appris et les compétences acquises, mais en construisant cette répétition sur une situation de communication différente (par exemple, l’apprentissage des notes et du rythme – morceaux d’une pomme et battement d’une horloge). En plus des connaissances théoriques dans les domaines concernés, l’enfant reçoit également des connaissances pratiques, qui peuvent être utilisées, par exemple, lors de la préparation des repas. Les livres les plus intéressants semblent toutefois être ceux dans lesquels il faut trouver le bon objet en cherchant le bon chemin, résoudre des opérations mathématiques simples, reconnaître des formes, nommer des objets, associer des personnages connus de l’histoire et du monde de l’art.

Les avantages des livres interactifs sont inestimables. Maintenir l’intérêt d’un enfant dans la réalité aujourd’hui n’est pas une tâche facile. À une époque où le jeune est entouré de stimuli divers, un texte doit attirer non seulement par son contenu, mais aussi par ce qui est construit autour de lui. Le jeu évoqué plus haut, l’éducation par ce biais, semble être un moyen pour atteindre une fin. Mais l’activité de l’enfant, verbale et non verbale, est également très importante. Enfin, je voudrais insister sur ce qui est pour moi la question la plus importante. Les jeunes d’aujourd’hui apprennent en activant simultanément plusieurs sens. Les livres interactifs qui leur permettent de voir, de toucher et d’écouter leur offrent cette possibilité. La prochaine tâche qui nous attend est de créer des articles dont les tâches déclenchent l’utilisation de l’odorat et du goût. La synesthésie totale pendant la lecture peut s’avérer être la clé pour encourager les jeunes lecteurs à s’intéresser aux mots écrits et à surmonter leur peur de ne pas comprendre le message.

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